La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme : ses valeurs sont-elles universelles ?
La conférence-débat organisée par La Vie Nouvelle, Personnalistes et Citoyens, et Amnesty International Orléans, intitulée « La déclaration Universelle des Droits de l’Homme : ses valeurs sont elles universelles ? Historique et enjeux actuels de la laïcité et des Droits de l’Homme a rassemblé près de 90 personnes. Cette conférence de Valentine Zuber (Directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études et membre de l’Institut européen en sciences des religions) a été suivie d’une courte vidéo illustrant des combats pour les droits humains dans le quotidien à travers deux situations très concrètes :
- A Saint Domingue, les travailleurs haïtiens subissent une épidémie de sida, et une défenseure des droits lutte pour qu'une prévention soit mise en place ainsi que des traitements accessibles.
- Aux Philippines, des femmes agissent pour obtenir la maîtrise de leur vie maternelle avec la contraception, et parvenir à un libre choix devant la maternité.
Ensuite nous avons écouté les témoignages de deux réfugiés. Celui d’un Syrien (avocat dans son pays et réfugié en France depuis près d’un an) qui nous a dit je menais une vie correcte en Syrie, en tant qu'avocat j'avais un travail intéressant au sein d'un cabinet, nous avions ce qu'il nous fallait pour notre vie quotidienne. Mais il m'était interdit de m'exprimer selon mes convictions, au contraire tout ce qui avait de la valeur à mes yeux ne pouvait être exprimé, mon esprit devait fonctionner selon des règles imposées. La liberté était exclue de ma vie. »
Celui de Mansour, venu du Tchad en France depuis une dizaine d’années et bien connu du Relais Orléanais puisqu’il y travaille, il nous a dit « que la situation en Afrique ne peut pas être la même qu'en Europe ou ailleurs mais que cette différence va se vivre, va se jouer justement dans l'application de cette loi universelle, des règles, des droits et des devoirs qui incombent aux citoyens d'une société donnée. »
Leurs témoignages ont été très appréciés car ils parlaient d’un vécu réel et complétaient les réflexions et les recherches de V Zuber.
Cette conférence, nous a permis de mieux comprendre la construction de notre « patrimoine commun » que constituent les principes liés aux droits de l’Homme ; de mieux percevoir ce qu’avait pu être les luttes pour les installer sous la 3ème République avec l’utilisation systématique de la déclaration de 1789 dans les écoles pour apprendre à lire notamment; de comprendre que l’effectivité juridique de ces textes dans notre législation n’est en fait que très récente avec la décision du Conseil Constitutionnel de 1961.
Mais aussi de pouvoir mieux situer l’actualité et notamment la question de la laïcité. C’est ainsi que 2 points particuliers ont été abordés :
- Le fait que la laïcité impose un principe de neutralité pour l’Etat dans l’espace public, mais que les individus ne sont pas astreints à ce principe de neutralité.
- Qu’il y a un besoin d’instaurer une laïcité juridique (c’est-à-dire effective dans le droit) et non seulement philosophique.
Elle a aussi abordé la question de la prétention de la France à se présenter comme « la patrie des droits de l’Homme » ; le scepticisme voire la contre productivité de cette position quelques fois considérée comme de la condescendance par les autres pays.
Par ailleurs, plusieurs réflexions à une question sur l’importance des religions dans le débat actuel, V Zuber a souligné le fait que l’effondrement des idéologies laissait la voie libre aux religions ou plus exactement à leur utilisation politique.