Marche pour l’abolition de la prostitution : Rosen a conquis Orléans
Le samedi 4 octobre 2014 Rosen s'est arrêtée à Orléans, Place du Martroi pour nous parler et nous faire partager son combat pour l'abolition de la prostitution. Le Mouvement du Nid, membre du Réseau Forum des Droits Humains, était là pour l'accueillir.
Sa veste verte s’aperçoit de loin. Rosen marche. Les cailloux, les côtes, les premiers frimas, rien ne l’arrête. Rosen avance, décroche un téléphone qui n’arrête pas de sonner (même le Japan Times a appelé), et a encore la force, au bout des vingt cinq kilomètres qu’elle avale dans la journée, de porter ses convictions, d’argumenter et de convaincre. Les élus, les associations, les passants… Abolitionniste par tous les temps.
Rosen est en forme. Pourtant, les premiers jours, une ampoule énorme aurait arrêté n’importe quel marcheur. « J’aimerais avoir mal », a-t-elle dit ; « ça voudrait dire que je suis vivante. » C’est qu’elle a encore du mal à éprouver l’intensité de ses sensations depuis que la prostitution l’a contrainte à s’absenter d’elle-même. En marchant, elle réapprend ; elle ranime son corps, sa force, sa vitalité. Et elle avance vers son but, déterminée à faire bouger les lignes, à engager le Sénat à voter la proposition de loi qu’il s’est arrangé jusqu’ici pour pousser dans un coin. A obtenir, tout simplement, l’abolition de l’esclavage sexuel.
En chemin, elle interpelle des hommes, des jeunes, des moins jeunes, des routiers, leur demandant s’ils ont été ou s’ils sont « clients ». Elle écoute, explique calmement ce qu’elle a vécu pendant les vingt deux ans de prostitution où elle s’est sentie niée, rayée de la carte des humains. Elle reprend celles et ceux qui parlent des « prostituées » : « pourquoi ne parlez vous pas de « femmes prostituées » ? » Car la prostitution est une situation, pas une nature. Rosen fait aussi attention aux mots.
Orléans, la grande étape avant Paris
La Rochelle, Poitiers, Blois, Issoudun (en ciré), Arthenay … Sur la route, Rosen reçoit le soutien d’éluEs. Par son courage, l’originalité de sa démarche, elle suscite des élans de sympathie et fait sauter des verrous, parvenant à rassembler côte à côte, dans la salle des mariages de la mairie de Meung sur Loire, des éluEs de camps opposés.
Dans la journée, de Meung à Orléans, Rosen voit des marcheurs mettre leurs pas abolitionnistes dans les siens : trois « zéromachos », une femme du Front de Gauche, le Président du Forum des Droits Humains…
Rosen arrivant donc d’un bon pas, Orléans a voulu donner à son passage, le 4 octobre, l’écho qu’il méritait. Place du Martroi, elle a reçu un accueil chaleureux, saluée par le député maire Serge Grouard (qui a voté en faveur de la PPL). Le soir, une conférence de presse rassemblait un public engagé – éluEs, représentantEs du Mouvement du Nid, du Zonta Club, de Mixité, etc. - avant un ciné débat organisé par le Mouvement du Nid autour du film de Hubert Dubois, Les survivantes. Tous les grands medias ont couvert l’événement : France 3, France Bleu, RCF, Radio Campus, La République du Centre qui a même publié un sujet deux jours de suite.
La mayonnaise prend. De ces rencontres, les retombées ne font pas de doute à voir les signatures de « zéromachos » qui se multiplient. De même, les rangs des marcheurs grossissent à quelques jours de l’arrivée à Paris, devant le Sénat où un grand rassemblement est prévu le 12 octobre pour saluer la marathonienne de l’abolitionnisme. On attend désormais les sénateurs sur les sentiers de l’hémicycle ; le chemin de l’abolition est-il donc si caillouteux qu’ils ne puissent enfin le gravir ?
Rédaction : le Mouvement du Nid
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