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Réalités, conséquences et prises en charge des femmes victimes de violence

Judith Trinquart, médecin ​légiste travaillant à l'Unité Médico-Judiciaire de Gonesse dans le Val d'Oise est venue à Orléans parler des "conséquences des violences sur la santé des personnes victimes" dans le cadre du 12ème Forum des Droits Humains.
Elle est secrétaire générale de l'association "mémoire traumatique et victimologie" et est en charge de la thématique de la prostitution dans cette association.

La première partie de la conférence est consacrée aux définitions des différentes formes de violence

Nous commençons par le féminicide : meurtre perpétré car l'individu est une femme ou une fille. Les définitions se poursuivent avec les différentes formes de violences physiques, psychologiques, conjugales et sexuelles.
Quelques chiffres sont donnés
- en France, 82% des personnes victimes de violences conjugales sont des femmes​ (en majorité des jeunes). Les périodes à plus fort risque sont lors de la 1ère grossesse et lors d'une séparation)

​- en France, la violence de rue ​touche 40 à 50% des femmes : la société accepte ce type de violence

- en France, 159 personnes décèdent tous les ans suites à des violences conjugales​ dont 26 hommes

- en France, 1 femme sur 5 déclare avoir subi des atteintes sexuelles au cours de sa vie
- en France, 120000 viols sont commis sur des mineur-es par an (enquête de 2010)
- en France, 83 000 viols sont commis sur des adultes (hommes et femmes confondus)

​- soit un total de 203 000 viols en France chaque année avec 10% des victimes portant plainte et seuls 3% de ces 10% aboutiront à une condamnation​

- dans le monde, l'OMS dit que 35%  ​à 71% des femmes ont subi des violences physiques ou sexuelles dans leur vie selon les pays

- en Chine​, il manque 40 millions de femmes du fait de l'enfant unique qui a fait tuer les bébés filles,

- en Inde les avortements de bébés filles sont très importants et donc il y a un déficit de femmes

Ce déficit en femmes dans des régions entières du globe fait qu'aujourd'hui un marché aux femmes existe pour répondre à la demande des hommes.


La seconde partie de l'exposé porte sur les conséquences de ces violences
   - troubles psycho-traumatiques
   - troubles physiques
   - maladies liées au stress.

Le psycho-traumatisme ou syndrome post traumatique est décelé chez les personnes qui ont subi des violences extrêmes ou qui ont eu peur pour leur vie.
Ceci se traduit par
- des conduites dissociantes

​- des maladies liées au stress pour les personnes violentées de manière répétée​

- des conduites d'évitement
- de l'hyper-vigilance.
Pour éviter, au cours d'une agression, que l'adrénaline produite dans le corps n'aboutisse au décès, car produite en trop grande quantité, le cerveau émet d'autres substances, telles que les endorphines, qui anesthésient l'individu et provoquent ou peuvent provoquer la dissociation. La dissociation est un état se rapprochant de l'état sous drogue;

​Les atteintes neuronales ne sont pas définitives, il existe une repousse neuronale, à condition d'être pris en charge et que les violences ne soient pas récurrentes.

 

La troisième partie de l'exposé porte sur la prise en charge des victimes de violences.
A la réception du patient victime de violences il faut apporter
- l'écoute bienveillante afin que les violences puissent être dites
- le traitement médical adapté : examen clinique, soin des blessures, soulagement de la douleur -les bêtabloquants pris moins de 6 heures après l'agression peuvent empêcher l'impression de la mémoire traumatique,
- le traitement médical psychologique qui peut nécessiter la prescription d’anxiolytiques ou d'antidépresseur mais il faut être très vigilant quant au risque de suicide.
- l'explication des mécanismes et la reconnaissance des souffrances ressenties aux personnes
- le traitement psycho-thérapeutique qui permet d'identifier les violences, d'expliquer l'histoire des violences, de reconstruire l’événement traumatique. Ce travail permet la neurogenèse et ainsi la reconstruction de la personne.

​Traitement des agresseurs :​

Judith Trinquart demande que les auteurs soient pris en charge car dans leur grande majorité ce sont des personnes qui ont également été violentées pendant leur enfance. Ils doivent être traités pour les aider, pour éviter la reproduction et parce que moralement il n'est pas acceptable de faire du mal aux autres quand on a mal.
Un accompagnement social, psychologique, juridique devrait être proposé à tous les protagonistes. Le partenariat est donc l'organisation qui convient le mieux aujourd'hui. Il est demandé que les interlocuteurs connaissent le droit de la Sécurité Sociale et autour du handicap afin d'apporter le maximum de réponses.

 

​Pourquoi une augmentation des violences ?​

JT explique que l’hyper-sexualisation, la pornographie sont en partie responsables de cette évolution.


Judith Trinquart conseille le livre "Et le viol devint un crime" : histoire de la pénalisation du viol.

Le débat a été riche et plusieurs interlocuteurs ont apporté leur contribution
- le MFPF45 avec les chiffres de l'enquête en cours sur  les violences subies par le public qui est reçu dans les permanences
   - 71% des femmes se disent victimes de violence
   - 71% des femmes et des hommes disent avoir été témoin de violences
   - 84% des victimes connaissent leur agresseur, 33% des agresseurs sont un membre proche, 67% sont des compagnons ou ex compagnons
   - 3% des victimes connaissent le 3919
   - 30% des victimes sont des mineurEs
- le nombre de place pour accueillir les femmes victimes de violence en accueil immédiat est de 10 sur le Loiret, il est dit que c'est insuffisant
- la violence sur les femmes et les enfants est majoritairement due à des hommes. Il est difficile de chiffrer et de reconnaître la violence commise par des femmes.
- les politiques publiques mises en place ne sont pas suffisantes à ce jour pour changer d'échelle. Des choses existent mais restent parcellaires, incomplètes et surtout avec des moyens faibles qui ne permettent pas de former tous les acteurs (policiers, gendarmes, magistrats, avocats, travailleurs sociaux, médecin et personnel médical etc...) qui en auraient besoin.


Retrouvez les documents ou les pistes de documentation mis à disposition ou suggérés par les intervenants.


Madame Vanessa KERAMPRAN ; Déléguée départementale aux droits des femmes et à l'égalité du Loiret (Direction Départementale de la Cohésion Sociale), lors du débat informe des mesures prises par l'administration au niveau départemental et signale l'existence de plusieurs documents de communication.

Vendredi, 28 Novembre, 2014